revêtement neuf –
le circuit fléché m’abandonne
raidillon du col –
mon vélo aussi
se met à couiner
groupe de cyclos –
comme eux je lève juste
deux doigts de mon guidon
vent de dos –
le bruissement des peupliers
m’emporte
sommet de la côte –
un Ave en reprenant souffle
devant la chapelle
un coup de pédale
dans la courbe à droite
le chant d’une mésange
dernière sortie de l’an –
0° au thermomètre
3.019 au compteur
entortillé
dans l’étrier de mon frein
un fin duvet blanc
Assomption –
mes freins tissés
de fils de la vierge
de ma chute
du début des vacances
un rond rose au genou
trou dans la chaussée –
la barre de céréales
saute de ma main
dernier raidillon –
de la fenêtre d’une voiture
un pouce levé
500 mètres en montée
à m’escrimer pour ouvrir
le sachet de biscuits
entre deux bornes
calculant le dénivelé
… pour oublier la pente
devers à la sortie
de l’épingle à cheveux
– une dent gagnée
ce col tant rêvé
cet hiver sur la carte
– j’y sue à grosses gouttes
ma roue à hauteur
de son pédalier
– nos paroles au vent
dernier lacet
de la longue descente –
des crampes aux mains
virage en roue libre –
mon ombre sans effort
revient à ma hauteur
soudain à ma pédale
les aboiements d’un chien
– adrénaline
le vent dans les oreilles
je n’entends plus
mon vélo couiner
descente du col –
un insecte à 50 à l’heure
en plein front
longue montée –
les tournesols aussi
courbent l’échine
combe silencieuse –
le cliquetis du pédalier
et les chants d’oiseaux
vent de côté –
je descends de vélo
avec un torticolis
du prochain virage
au virage prochain
… le sommet du col
soleil de fin d’été –
le cliquetis métronome
du pédalier
longue ligne droite –
la Terre tourne
sous mes roues
descente en roue libre –
des moucherons dans la poche
de ma chemisette
trois battements d’ailes
un papillon m’accompagne
trois coups de pédales
voie cyclable –
je transporte un escargot
sur le bas côté
rude montée –
le salut d’un vieil homme
pour m’accompagner
derniers lacets du col –
tout ce que j’en ai vu :
l’asphalte devant ma roue
soleil du matin –
sur son vélo, mon ombre
roule dans les champs
à vélo vers Goult
dans le soleil du matin –
la vie en pente douce |
virage serré –
ma jambe léchée
par les hautes herbes
petit pont de pierre –
je passe du versant de l’ombre
à celui des cigales
route de la combe –
le cliquetis de ma chaîne
sort du mur de pierre
matin de Pâques –
mon cœur à toute volée
dans la côte finale
nuages noirs –
pile sur mon compteur
la première goutte
rue pavée –
la sonnette d’un vélo
tintinnabule
debout sur les pédales
en équilibre sur le fil
des pavés mouillés
nuages d’orage –
slalom entre les limaces
sur la voie cyclable
arrêt pipi –
l’âne mâchonne une herbe
en me regardant
petit matin –
les voix accordées des criquets
et de ma roue libre
virage en descente –
une compagnie de perdrix
aussi surprise que moi
nouvelle leçon –
ne pas manger de madeleine
en grimpant une côte
à point nommé
trente mètres moins pentus
pour un coup de bidon
longue montée
face au soleil levant –
ma roue pour horizon
en guise
de petit déjeuner
le col de la Liguière
braquet 48×14
l’hirondelle me distance
d’un coup d’aile
derrière ma roue
la brume
se referme
pneus regonflés –
le grain de la route
chante juste
descente du col –
l’impact d’un insecte
mon casque
devant ma roue
le slalom à ras du sol
d’une hirondelle
dans le velcro
de mes gants de vélo
des brins d’herbe sèche
« Sommet : 1 km
Pente à 9,2 % »
– mon pédalier grince
changeant de braquet
le claquement des gouttes
à mes trousses
nuages du col –
des gouttelettes de brume
au bout de mes cils
arrêt au sommet –
une dizaine de mouches
sur mon guidon
changement d’heure –
le compteur de mon vélo
… déjà en été
rosée d’automne –
des fils de la vierge
entre les poignées de frein
chemin de halage –
deux cyclos sur le petit braquet
parlent du Ventoux
descente en roue libre –
le vent siffle au goulot
de ma bouteille
soleil du matin –
un papillon dans les rayons
de ma roue avant
couchant –
pédalant sous l’œil
mi-clos de la lune
l’ombre de mes roues
en équilibre sur
l’ombre du muret
sur mon guidon
une coccinelle
équilibriste
pluie glacée et vent de face
tête baissée, grimaçant
… pédaler pourtant
Copyright Damien Gabriels (2004 – 2017)
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