Haïkus – Juin 2012

un premier iris
sur le point de s’ouvrir
– la pluie recommence

*

glissée de mon carnet
une fleur de glycine
d’un autre printemps

*

silence de l’aube –
le froissement de la page
que je tourne

*

dans le parfum
des grappes de la glycine
la trace d’un nuage

*

semis de printemps –
le fond de l’arrosoir
pour la pensée sauvage

*

lentilles d’eau –
le sillage du canard
lentement se referme

*

soleil du soir –
assis en compagnie
de quelques mouches

*

lisant au jardin –
le parfum de la glycine
d’une page à l’autre

*

douceur du soir –
le trait rose d’un avion
effleure la lune

*

goûter au jardin –
une fourmi dans ma tasse
de thé aux amandes

*

matin d’école –
le parfum de son après-rasage
à l’heure du réveil

*

derniers chants d’oiseaux –
un avion étire
les lueurs du couchant

 

vent d’autan –
quelques grains de sable
au creux de l’oreille

*

premier mai –
le vent du matin réveille
le cerisier en fleur

*

allée détrempée –
deux escargots de retour
de leur virée nocturne

*

pylône du virage –
les couleurs passées du bouquet
de fleurs en plastique

*

la chute lente
d’une pétale du prunus –
l’aube fait silence

*

matin de grisaille –
un vol de moineaux joyeux
emporte mes brumes

*

au cœur de l’euphorbe
une coccinelle
poudrée de pollen

*

senteurs d’herbe verte –
un cloporte s’échappe
des poils du balai

*

boîte aux lettres vide –
un puceron vert
sur mon épaule

*

soleil voilé –
un champ de colza
sort de la brume

*

chaleur d’orage –
les poils de la chenille
immobiles

*

ôtant la coccinelle
de la toile d’araignée
– le doigt de Dieu ?

(C) Damien Gabriels – Mai 2012