Haïkus – Juilllet 2020

 

soir de mai –
deux martinets glissent
sur les vagues du vent

*

au ras de la flaque
une abeille en suspension
fait trembler son reflet

*

première fraise –
les limaces m’en ont laissé
une moitié

*

tiges souples
de la valériane – un moineau
fait de la balançoire

*

traversée de village –
un haut le cœur après
le dixième dos d’âne

*

d’arbuste en arbuste
les moineaux du jardin
jouent à chat perché

*

tapies dans l’ombre
deux gouttes de lumière
m’observent

*

claquement de mains
dans la chambre à l’étage
– un moustique en enfer ?

*

j’ai ouvert la fenêtre
pour faire sortir la mouche
– le silence est entré

*

soleil au zénith –
tout le troupeau flanc à flanc
dans l’ombre du chêne

 

jasmin étoilé –
un gros bourdon me dispute
le parfum d’une fleur

*

télé débranchée –
les boutons d’or du jardin
dansent sur l’écran

*

crépuscule rouge
et chant du coucou
– quel temps pour demain ?

*

prémices du jour –
qui a déjà allumé
la fleur de courgette ?

*

virage sur l’aile –
deux martinets reprennent
le fil du vent

*

livre ouvert au soleil –
une petite araignée
change de paragraphe

*

pierre bleue du seuil –
la tiédeur du soir de juin
sous mes pieds nus

*

salade du jardin –
les pucerons s’égaillent
sur le plan de travail

*

chant du coq –
mes chaussures de marche
perlées de rosée

*

fine pluie de juin –
le chant limpide
d’un merle lève-tôt

(C) Damien Gabriels – Mai / Juin 2020