Haïkus – Juillet 2008

sirènes lointaines –
la voie rapide bordée
de coquelicots

*

lendemain d’inondation –
sur le panneau lumineux :
« TRAFIC FLUIDE »

*

déjà quelques fleurs
au pied de l’azalée –
la pluie reprend

*

lavande au levant –
une cétoine dorée
à la pointe d’un épi

*

l’orage s’éloigne –
un bouquet de camomilles
au milieu du sentier

*

soir de pluie – cet éclat
du carrelage que je m’obstine
à vouloir aspirer

*

grondement lointain –
un papillon de nuit
entre vitre et volet

*

nuit tombante –
les grappes du sumac
peuplées de bourdons ivres

*

un coup de rasoir
puis un autre –
la pluie sur le toit

*

à petits coups d’ailes
l’hirondelle se remet
dans le sens du vent

*

fin de footing –
deux mètres carrés d’asphalte
pour tout horizon

*

nettoyage des fraisiers –
dans la paille de l’an dernier
un épi de blé vert

ma main bien à plat
sur le tronc du peuplier –
point de demi-tour

*

ramassant les rameaux
des arbustes taillés –
l’odeur du lierre

*

aube de dimanche –
j’écoute la maison
chuchoter

*

le jour se lève –
les feuilles du lierre
lavées par la nuit

*

éclaircie –
un bourdon de retour
dans la lavande

*

fenêtre entrouverte –
une odeur d’oignons grillés
dans le soir qui tombe

*

coup de vent –
les coquelicots dévalent
le talus du chantier

*

maison endormie –
le soleil levant s’étire
sur le bras du fauteuil

*

fin de journée –
je dénoue en premier
mon lacet droit

*

me brossant les dents
un pépin de kiwi
au fond du lavabo

*

trois coquelicots
au milieu de son bouquet –
sourire édenté

 

(C) Damien Gabriels – Juin 2008