Haïkus invités – Page 8

Haïkus extraits de l’Anthologie « Dix vues du haïku »

(36 haïkus de chacun de 10 membres actuels et anciens du Conseil d’Administration de l’AFH)
Édition Association Française de Haïku – 2007

matin naissant
sur le flanc du pigeon
ouvrir l’agenda

la lune est ronde
le ballon passe d’un pied
à l’autre

Micheline Beaudry

*

elle se lèche l’index
la vieille dame
puis tourne une page du var matin

ses longs cheveux noués
son front
ses seins

André Duhaime

*

à la tombée du soleil,
les ombres s’allongent
derrière les tombeaux

horloge arrêtée
dans la salle d’attente croissent
les fleurs du papier peint

Klaus-Diether Wirth

*

Bien câblée au monde
– ne pas débrancher sous peine
d’électrocution

Tortue impassible
grignote un bout de salade
– redevient caillou

Catherine Belkhodja

*

dans le vieux sorbier
des grappes rouges enneigées
volée de gros-becs

parc du centre ville
parmi les sacs de poubelle
un sans-abri dort

Claude Rodrigue

cerisier en fleurs –
une jeune fille retouche
son rouge à lèvres

les journées raccourcissent
elle fait mijoter la soupe
un peu plus longtemps

Jessica Tremblay

*

Marchant près du lac
un coup d’oeil en arrière deux
non rien rien du tout

Jeter un coup d’oeil
au ciel la lune est là
bon bon ça va

Jean Antonini

*

ménage du printemps –
par la fenêtre des nuages
pêle-mêle

lune pleine –
tes mains sur ma peau font
des ombres chinoises

Angèle Lux

*

Les choucas
agglutinés sur la nef
avant l’angélus

Dégel
Le babil des gouttières
et des mésanges

Henri Chevignard

*

Armagnacs –
après le cinquième
la lune plus ronde

cimetière de guerre
quatre gamines boudeuses
sous la pluie

Serge Tomé

*
Haïkus extraits de « Prendre corps ou l’envers des mots » d’Antoine de Vial – Éditions L’Harmattan – 2007

Le vent de mars
Est tendre
A l’épine noire en fleur

*

Moissonneurs de midi
Disloqués à l’ombre
Des tracteurs

*

L’encre d’un jour d’été
A séché :
L’atlas est ouvert

*

Entre les biefs
L’eau parfois
S’empare du ciel

*

Dans ta chambre vide
Je pèle une pomme
Juste cueillie

*

La bise délivre
Du joug des insectes
L’érable s’ouvre les veines

La demi-lune a choisi
L’arbrisseau le plus sec
Pour se pendre

*

Le saule d’hiver
Calligraphe
Souple et triste !

*

Quel bonheur
Pour l’arbre mort
De voir bouger son ombre !

*

Les peupliers
S’inventent
Des généalogies de rivières

*

Au vent du petit jour
Le pin secoue
Sa dernière étoile

*

A tâtons
Dans les menthes :
L’aube