Haïkus invités – Page 6

Haïkus extraits de l’Anthologie de Haïku de l’Union Européenne « D’un ciel à l’autre  »
Édition Association Française de Haïku – 2006

la fenêtre ouverte
le vieux rideau
reprisé d’un nuage gris
Aksinia Mikhailova

*

mort de mon père –
un inconnu sur la route
lève son chapeau

André Cayrel

*

Dans le tunnel
mon visage
dans la vitre

Daniel Dölschner

*

matin de jonquilles –
je cherche quelque chose
de très bleu à porter

David Cobb

*

les pétales
à côté du vase
un à un

Dominique Chipot

*

averse d’avril
les essuie-glaces saluent
tout un chacun

Edin Saracevic

*

Nuit de mai …
L’odeur de lilas
du ciel étoilé

Ludmila Balabanova

midi dans un bistrot
des touristes mélangent
les langues étrangères

Ion Codrescu

*

rien que des pas
sur le gravier
et la lune

Isabel Asunsolo

*

sous les réverbères
tous les douze pas mon ombre
me dépasse

Pascal Quéro

*

fenêtre ouverte
la lune en gagne peu à peu
le coin

Serge Tomé

*

Sur la plage.
Entre les mouettes et moi
toujours la même distance

Luc Vanderhaeghen

*
Haïkus extraits de « Figues » d’André Cayrel et Isabel Asunsolo – Éditions L’Iroli – 2006

figues écrasées
sur les dalles brûlantes
voie lactée

dans le figuier
partageant notre dessert
les oiseaux

ciel mauve
le figuier tremble …
– à qui la vaisselle ?

désir de fruits
désir de figues mûres
désir de lèvres

la vida breve
pero larga la tarde
en la brevera

(la vie brève
longue l’après-midi
dans le figuier)

courses d’automne
trois bocaux dans le caddie
« confiture de figues »

*
Haïkus extraits de « au pays du chaud – froid » de Claire Landais
Éditions Paupières de terre – 2004

Un aigle plane dans le ciel
sans trace
sans bruit

Le corps d’un criquet
porté par les fourmis
je suis le cortège à pas lents

Devant la chaîne
de montagnes enneigées
une mouche passe

Assise dans la forêt
à ne rien faire
matin de printemps

Dans la lumière de la lune
les silhouettes des arbres
précises

Surprise
par la lumière de ma torche
l’araignée fait la morte

Un petit pin
à mes côtés
j’attends l’orage

Au cœur de l’orage
le jeune pêcher en fleurs
danse

Dans la forêt
l’orage passé
je croque un brin de thym sauvage

Loin derrière les troncs
seul le soleil couchant
peut continuer son chemin