Haïkus invités – Page 4

Haïkus extraits de « Jack Kerouac – Poèmes » – trad. Philippe Mikriammos – Seghers Poésie d’abord – 2002

Arms folded
to the moon
Among the cows.

Bras croisés
sous la lune
Parmi les vaches

*

Elephants munching
on grass – loving
heads side by side.

Les éléphants mâchent
l’herbe – amoureux
tête à tête

*

Missing a kick
at the icebox door
It closed anyway.

Coup de pied raté
sur la porte du frigo
Fermé quand même.

*

The moon had
a cat’s mustache
For a second.

Pendant un instant
la lune a eu
des moustaches de chat

*

The summer chair
rocking by itself
In the blizzard.

La chaise d’été
se balance seule
Dans la tempête de neige.

And the quiet cat
sitting by the post
Perceives the moon

Et le chat tranquille
assis près du poteau
remarque la lune.

*

Evening coming –
the office girl
unloosing her scarf.

Le soir vient –
la secrétaire
desserre son écharpe.

*

The bottoms of my shoes
are wet
from walking in the rain

Le fond de mes chaussures
est trempé
Trop marché dans la neige

*

A big fat flake
of snow
Falling all alone

Bon gros flocon
de neige
Qui descend, isolé

*

This July evening,
a large frog
On my door sill

Ce soir de juillet,
une grosse grenouille
sur le pas de ma porte.

*
Haïkus extraits de « Eté – Yosa Buson » – Editions La Délirante – 2001

D’une pivoine
Deux ou trois pétales
L’un sur l’autre

Etendu.
Dans la barque échouée
Quelle chaleur

Orage
Mon pinceau ne sèche pas
Mille poèmes

Nuit d’insomnie
Quittant ma pauvre hutte
Lune d’été

*
Haïkus extraits de « Chroniques d’Oburo – Haïku d’un planqué » – Patrik Palaquer – Edition Association Française de Haïku – 4ème trimestre 2003

devant l’ascenseur
le chef et le directeur
je prends l’escalier

deux nouveaux stagiaires
un jeune chauve et une grande blonde
on me donne le chauve

regarder les mouches
quand les autres travaillent
Poète, ce fainéant !

jour de la galette
si j’ai la fève, je l’avale
vu la gueule des reines

25 ans de boite !
dire que le premier jour
j’avais failli m’enfuir

fin de journée
fin de semaine
fin de moi

sur ma ligne
beaucoup de gens du boulot
vite, changer de wagon !

au café le midi
des collègues alcooliques
trinquent aux illusions

c’est si bon
remplir sa feuille de congé
faire signer le chef !

carré de lumière
je fais des ombres chinoises
dans les toilettes

un orage de grêle
tous aux carreaux comme des gosses
sauf le chef …

dormir, se lever
partir travailler, rentrer
on appelle ça vivre